L'UE veut booster le développement de la recharge sur le lieu de vie
Pour répondre à l’urgence climatique, le secteur immobilier doit se réinventer et entrer dans la voie de la décarbonation pour réduire ses émissions de CO2. Quelles sont dernières mesures prises par l’Union Européenne pour accélerer la transition ?
L’immobilier est l’un des principaux secteurs contribuant aux émissions mondiales.
D’après l’Agence internationale de l'énergie (AIE), l’immobilier représente plus de 38 % (13,4 milliards de tonnes de CO2) des émissions totales liées à l’énergie qui sont générées chaque année. Cette estimation comprend l’empreinte carbone des matériaux de construction, mais aussi le chauffage, la climatisation et l’éclairage, qui constituent la part principale des émissions (28% des émissions mondiales).
Forte pression fiscale environnementale
Les réglementations européennes sont de plus en plus strictes pour accélérer le chemin vers la décarbonation. Afin d’atteindre les objectifs fixés de réduction de 6 % par an des émissions, les pistes explorées reposent sur la modernisation des bâtiments (comprenant l'isolation, le vitrage et la ventilation), l’utilisation des énergies renouvelables ainsi que la conception de constructions dans des matériaux pérennes.
Un nouvel élan pour la transition énergetique dans l'immobilier
La directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (DPEB) ou EPBD (pour Energy Performance of Buildings Directive) signée début 2024 vise à encourager l'efficacité énergétique globale dans les bâtiments.
Les ambitions de la DPEBPour les bâtiments résidentiels, les États membres devront mettre en place des mesures pour garantir une réduction de l'énergie primaire moyenne utilisée d'au moins 16 % d'ici à 2030 et d'au moins 20 % à 22 % d'ici à 2035. Pour les bâtiments non résidentiels, c’est 16 % des constructions ayant la moins bonne performance énergétique qui devront être rénovés d’ici 2030, et 26% en 2033. |
Le volet réduction de la consommation d'énergie
La rénovation énergétique des bâtiments permet de diminuer les émissions de CO2 et donc de réduire les factures d'énergie en réduisant la consommation électrique pour ainsi améliorer la performance énergique.
Actuellement 24 % de la consommation finale d’énergie est électrique en France. Il serait souhaitable ce taux passe à 50% pour réduire l’utilisation de des énergies fossiles.
Dans la directive européenne il est prévu :
- Chaque fois que cela est possible du point de vue technique, les pays de l’UE devront déployer des panneaux solaires sur les bâtiments résidentiels, publics et non résidentiels, d'ici à 2030.
- Les États membres devront adopter des mesures pour éliminer les systèmes de chauffage et de refroidissement à combustibles fossiles d'ici 2040 et il sera interdit de subventionner les chaudières à combustibles fossiles autonomes à partir de 2025.
Développement de la recharge privée et la recharge à destination
Le manque d'accessibilité de la recharge dans les immeubles d'habitation freinaient jusqu’ici l'adoption généralisée des véhicules électriques.
Dans la directive européenne il est prévu :
- Les immeubles d'habitation et les lieux accueillant du public (centres commerciaux, bureaux, etc.) possédant un parking devront s’équiper de bornes de recharge pour véhicules électriques.
Les résidents de maison étaient dans leur grande majorité jusqu’a présent avantagés avec leur utilisation d’un parking privé couvert ou en extérieur. Cette loi vient tenter de rétablir un certain équilibre pour les habitants d’immeubles.
Une enquête menée par Enedis en 2022 indique que 88 % des électro-automobilistes vivant en maison rechargeaient leur véhicule principalement à domicile, contre seulement 49 % des électro-automobilistes vivant en appartement.
La recharge privée à domicile est aussi importante pour permettre de réduire le coût de possession d’un véhicule électrique. Une recharge à domicile se fait au tarif de son fournisseur d’énergie et elle devient particulièrement avantageuse pendant les heures creuses (alors que la recharge publique a un surcoût). La recharge de nuit est aussi plus pratique, car le véhicule se recharge alors que son propriétaire se repose.
Les infrastructures de recharge au programme des constructions neuves
Prévoir l'installation d'une infrastructure de recharge au moment de la construction d'une habitation est beaucoup plus facile que de faire des travaux de rénovation dans des immeubles ou cela n'avait pas été prévu.
Le coût du précâblage des parkings d'un immeuble au moment de sa construction est neuf fois moins cher que des coûts de modernisation sur le parking d’un bâtiment existant.
La directive EPBD exige que :
- pour les nouvelles constructions qui disposent de plus de trois places de stationnement, le précâblage d'au moins 50 % de celles-ci.
Il est précisé que les bornes installées doivent être suffisamment puissantes pour permettre l'utilisation simultanée de toutes les bornes. Elles doivent aussi être connectées pour être interopérables et permettre la recharge bidirectionnelle.
Lever les derniers freins avec la droit à la prise
La nécessité de disposer d'une place de stationnement attitrée, le coût de l'installation ou la nécessité d'obtenir le consentement du syndic de copropriété pour la pose d’une borne dissuade un certain nombre de personnes vivant en immeuble intéressées par la mobilité électrique.
L'instauration du "droit à la prise" permet de rationaliser les procédures d'installation et de supprimer les obstacles réglementaires, comme le consentement du propriétaire (pour les locataires) ou du syndic de copropriétaires.
Vers une meilleure rationalisation de l'énergie dans le bâtiment
A l’avenir, les bâtiments devront aussi être équipés de compteurs et de systèmes de surveillance pour suivre la consommation d'énergie, ce qui permettra une gestion plus efficace de l'énergie. Des algorithmes intelligents sont en train d’être développés pour optimiser l'exploitation des bâtiments. Ils pourront ainsi aider à mieux gérer leur performance énergétique grâce à l'analyse de multiples données d'usage récupérées de capteurs ou de compteurs d'électricité. A partir de différentes données générées (électricité, gaz, eau, taux d'occupation…), ces outils permettre la gestion préventive des bâtiments.
Les États membres de l'UE ont deux ans pour transposer cette directive EPBD dans leur propre législation nationale. En France, la loi climat et résilience couvre déjà un certain nombre de points en faveur de la transition. Cette nouvelle législation européenne viendra compléter l'arsenal réglementaire français.
Vous voulez en savoir plus sur les perspectives du marché des véhicules électriques en France et partout dans le monde ? Découvrez notre dossier sur l'état des lieux du secteur.
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