Info ou intox : Faut-il craindre le manque d'autonomie des VE ?

écrit par Virta
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7 nov. 2022 14:47:02

Jusqu'où les véhicules électriques peuvent-ils vraiment vous emmener ?

Des études récentes révèlent que les automobilistes craignent plus que tout de se retrouver "à sec" au milieu de nulle part ou de devoir s'arrêter (trop) souvent pendant de longues sessions de recharge de leurs batteries.

L'angoisse entourant le manque d'autonomie fait référence à une préoccupation partagée par de nombreux automobilistes : atteindront-ils leur destination avant que les batteries ne soient à plat ? Les informations techniques sur le véhicule électrique alimentent-ils ces craintes ? L'anxiété liée à l'autonomie des véhicules électriques est-elle légitime ou appartient-elle désormais au passé ?

Les faits : Les français montrent une certaine appréhension à passer à l'électrique à cause de l'autonomie

Une étude réalisée en 2022 par Statista montre que les français ont une crainte du manque d'autonomie de la voiture plus forte que toutes les autres appréhensions qu'ils peuvent avoir sur le passage à l'électrique. 

 

Source : sondage Statista

Info: l'autonomie des véhicules électriques excède déjà les besoins de la plupart des conducteurs

L'anxiété liée à l'autonomie est un sérieux obstacle à l'adoption à grande échelle des voitures électriques. Elle est donc à prendre au sérieux.

Pourtant une étude menée par le fabricant Volvo rapporte que si 65 % des conducteurs de VE avaient une anxiété d'autonomie lorsqu'ils ont acheté un VE pour la première fois, cette sensation s'estompe après quelques mois d'utilisation.

La raison du changement rapide d'opinion ? Les véhicules électriques dépassent déjà les besoins de la plupart des conducteurs. 

8 électro-automobilistes sur 10 parcourent moins de 100 km par jour

Une étude menée sur 632 186 véhicules à travers l'Europe révèle que 8 conducteurs sur 10 parcourent moins de 100 km par jour. La même étude révèle également que 6 conducteurs sur 10 parcourent moins de 50 km chaque jour.

La plupart des voitures électriques étant capables de parcourir en moyenne 300 km avec une seule charge, cela signifie que leurs capacités dépassent déjà les besoins des conducteurs ! 

En pratique, pour les électro-automobilistes utilisant leur voiture au quotidien, pouvoir recharger à la maison – et/ou au travail – suffit à éliminer tout risque de panne.

Pour les plus longues distances, les électro-automobilistes peuvent aujourd'hui compter sur la recharge rapide ou ultra-rapide sur les grands axes routiers. 

Info : la charge complète d'un véhicule électrique peut être effectuée en 30 minutes

Grâce aux avancées technologiques effectuées à la fois sur les performances des batteries et des bornes, il est désormais possible de faire des arrêts de 30 minutes pour atteindre une charge complète de la batterie, en utilisant la charge haute puissance (ou HPC pour High Power Charging).

La technologie HPC permet de recharger 3 à 7 fois plus vite que les bornes de recharge rapide classiques, avec des capacité de 50 kilowatts à 150-350 kilowatts.

La solution pour les besoins spécifiques des trajets longue distance


À l'échelle globale, les bornes dites lentes domineront encore pour longtemps le marché de charge publique, elles représenteront à terme 69 % de toutes les installations.

La charge rapide étant plus chère (pour les aménageurs comme pour les clients), elle n'a pas vocation à être utilisée en dehors des longs trajets.

Une forte proportion des électro-automobilistes pourront recharger à la maison ou au travail, ce qui pourra soulager la pression sur l'infrastructure publique. De plus, l'offre de recharge se diversifie en se répandant sur les lieux de commerce, ou dans l'hôtellerie

Les usages changent : en anticipant leurs déplacements, les électro-automobilistes profitent de leurs sorties – travail, shopping ou restaurant – pour recharger leur voiture. 

Intox : des batteries plus grosses sont la réponse au manque d'autonomie des VE 

L'Ademe a publié un rapport en octobre 2022 sur la place centrale que joue la batterie dans la dette carbone d'un véhicule électrique. Selon l'association, une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique sur l’ensemble de sa durée de vie, à condition que sa batterie soit de capacité "raisonnable" (< 60 kWh)

Elle met en évidence qu'il n'y pas forcément de corrélation immédiate entre taille batterie et autonomie. En effet, une batterie de taille supérieure entraine une hausse notable de la consommation, liée à la masse du véhicule et aux conditions d’utilisation. Une batterie d'une capacité d’environ 70 à 80 kWh, comme proposé sur la Tesla Model 3, Hyundai Ioniq 5 ou Audi e-tron ou BMW i4 pèse autour de 450 kilos. Ainsi, batterie XXL ne rime pas forcement avec autonomie élevée. 

Elon Musk partage cet avis. Alors que sa Tesla model 3 Long Range pèse 530 kilos pour une autonomie de 580 km, il prédit qu'une autonomie de 1000 km impliquerait d'embarquer une batterie d'une tonne au minimum dans le véhicule ! 

Il convient alors de choisir une batterie adaptée à l’usage majoritaire du véhicule, comme les trajets du quotidien.

Lors de son Webinaire sur l'essor des véhicules électriques et la technologie V2G, la question du vieillissement des batteries est apparue comme cruciale dans la baisse d'autonomie des véhicules dans le temps. Regardez plutôt : 

Fait : 1 point de recharge tous les 60 km en Europe 

Le nombre de bornes de recharge publiques en Europe a été multiplié par 84 entre 2011 et 2020

L'anxiété liée à l'autonomie repose en partie aussi sur le problème du manque d'infrastructure de recharge. Ce manque de bornes sur le territoire est un train de se résorber en France et ailleurs. A la fin de 2021, il y a avait 330 000 bornes de recharge publiques dans les 27 pays de l'UE (rapport ChargeUp), et il y avait un peu plus de 70 000 de bornes ouvertes au public en France à la fin septembre 2022.

De lourds investissements pour répondre à la demande

Nous savons que l'infrastructure actuelle ne peut pas soutenir l'adoption rapide annoncée des véhicules électriques. 

Les investissements publics et privés sont nombreux pour construire un vaste réseau d'infrastructure. L'Europe s'est fixé pour objectif de réduire de 55 % nos émissions de CO2 d'ici 2030 "Fit for 55" et le secteur des transports représente un levier important d'économies. 

Selon les calculs de la Commission européenne, nous aurons besoin de 3 millions de bornes de recharge accessibles au public d'ici 2030. C'est 15 fois plus que la configuration actuelle. Il faudrait installer 14 000 points de recharge publique sur tout le continent par semaine pour atteindre ce chiffre. Nous sommes encore loin du compte mais le déploiement s'accélère. 

De plus, l'UE a validé une réglementation contraignante obligeant chaque pays à assurer la présence de bornes de recharge au moins tous les 60 km, sur les grands axes du continent. 

Pour débunker les mythes autour de la mobilité électrique 

On entend de tout sur les véhicules électriques. Pas si facile de s'y retrouver sur le net avec ce qui circule.  

Ce post fait partie de notre série "info ou intox" pour remettre un peu d'ordre dans le flot d'informations et remédier aux idées fausses les plus répandues.

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